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LA MÊLÉE SOCIALE

XVIII

LA FRANCE DÉCROÎT

Depuis trois ans, en France, les décès excèdent les naissances. Voilà le fait brutal sur lequel un article récent de M. de Nadaillac, dans le Correspondant, vient d’appeler à nouveau l’attention du public.

Le ralentissement de la natalité date de 1830, mais jusqu’en 1889 les naissances sont demeurées en excédent sur les décès. Depuis 1890 ce sont les décès qui sont en excédent.

En 1881, l’excédent des naissances est de 108,229. En 1889, il n’est plus que de 85,646. En 1890, l’excédent des décès est de 38,446. En 1892, il est encore de 20,041.

Telle est la situation, en France, dans toute sa simplicité.

Mais ces chiffres ne prennent leur véritable signification que si l’on compare la natalité française avec celle des autres pays d’Europe.

En Allemagne, l’excédent des naissances était de 673,731 en 1891. En Angleterre, de 401,737 en 1892. En Italie, de 308,630 en 1892. En Russie d’Europe, de 1,632,623 en 1888. En Autriche, de 336,309 en 1890. En Belgique, de 33,131 en 1891.

« À moins d’une réforme, hélas ! bien improbable dans nos mœurs, conclut M. de Nadaillac, notre race est menacée de disparaître peut-être plus rapidement que nous ne pensons. Et le seul doute qui puisse rester pour l’avenir, est de savoir si elle sera submergée