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Plaignons l’être, dans sa misère,
Qui doit vieillir et mourir seul.
L’Amour fait rayonner la mère,
Il semble rajeunir l’aïeul.
Tout se transforme à sa lumière :
Sans lui les palais sont maudits ;
Il fait au pauvre un paradis
De la mansarde ou la chaumière.

L’Amour, de ses enchantements, etc.

L’Amour ramène l’hirondelle ;
Le doux printemps charme nos yeux ;
L’alouette à son nid fidèle,
Jette au vent ses concerts joyeux.
Terre, par le ciel arrosée,
Tu peux répondre au bien-aimé
Dans le langage parfumé
Que la fleur parle à la rosée.

L’Amour, de ses enchantements, etc.

Imitons Dieu dans sa puissance,
Miséricordieux toujours,
Lui qui fait naître l’innocence
Même des impures amours.
La femme alors se renouvelle :
Auprès du berceau qu’il défend,
L’ange qui veille sur l’enfant
Ne doit-il pas veiller sur elle ?

L’Amour, de ses enchantements, etc.

L’Amour sort vivant des abîmes ;
Il prêche la fraternité.
L’Éternel, aux œuvres sublîmes,
C’est l’Amour dans l’immensité.
Permets à l’humble créature,
Dieu qui fais mûrir les moissons,
De répéter, dans ses chansons,
Ce grand refrain de la nature :

L’Amour, de ses enchantements,
Remplit les airs, la terre et l’onde,
L’amour c’est le maître du monde ;
Et, dans la joie ou les tourments,
Qu’il soit béni, car il féconde.

Avril 1870.