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Page:Closset - L’Ombre des roses, 1901.djvu/24

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LE RENARD QUI PLEURE.



UN renard a pleuré, puis la nuit est venue…
La Forêt a soufflé ses feuilles jusqu’au toit
De la demeure chaude, où l’âme s’est émue
Des vieux automnes d’or, aux familières voix.

Le vieil automne dort maintenant sous mon toit.
Comme au jardin profond où pleure, familière,
La plainte du renard et des pins aux abois
Troublés du grand émoi des caresses d’hiver.

Le trouble caressant d’un hiver espéré
Accroupit au foyer mon rêve solitaire,
Et quand, la nuit venue, le renard a pleuré,
Chaque fois, j’ai prié ma plus grave prière :

« Nuit d’hiver et de grâce, Forêt, bêtes et palmes
» Que j’écoute gémir contre la maison calme,
» Reculez votre émoi des portes de mon âme
» Ou laissez-moi mourir dans l’automne aux abois ;

» Ou laissez que je dorme sous les pins verts et noirs
» Dans mon jardin profond où pleure, chaque soir,
» Dans l’automne troublé, la plainte du renard
» Et ce Rêve qui rêve aux portes de mon âme. »

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