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Page:Closset - L’Ombre des roses, 1901.djvu/4

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LE POÊME DU SILENCE


Puisque je t’ai perdu ô silence ! c’est toi que je chanterai d’abord.

Puisque je t’ai aimé plus que Tout, je te chanterai avec une voix, toi qui es sans voix.

Puisque je t’ai trahi, toi plus adoré que l’Amour, je te trahirai encore et je te glorifierai.

Ô Silence, j’ai tenu serré entre mes lèvres, ta fierté pure, et j’étais un enfant. — Ô silence, un enfant seul a la grandeur de se taire.

J’aimais, et je ne le disais pas — je souffrais et je ne le disais pas — je pensais et mes pensées se mouraient de la terreur des paroles…

Maintenant, silence, j’ai péché — j’ai péché contre toi et toi tu me repousses. — Je ne puis plus être avec toi et seul. —

Ma punition la voici : rien n’existe plus pour moi. que ce qui est révélé ; mais ce qui est révélé est impar-

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