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Page:Closset - L’Ombre des roses, 1901.djvu/5

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faitement pur, ce qui est révélé n’est pas absolu. — Ainsi tout est vain pour mon cœur.

Autrefois l’Absolu était : D’autres parlaient autour de moi. — J’écoutais, enfant que j’étais, et je possédais mes pensées — et je les possédais dans une solitude, avec ivresse et trouble, sans désirer comprendre ni que rien me comprît.

Alors je ne priais pas Dieu et je portais Dieu dans mon cœur.

Maintenant, j’ai voulu tout dire — j’ai balbutié, j’ai osé… Et ce faisant, je n’ai rien dit, mais le divin silence est mort.

Il est mort et je chante… comme une femme qui a vu enterrer son fils et qui rentre dans sa maison, voilà comme je suis. Elle vient et cherche. Elle ne peut pas ne plus entendre sa voix, et elle écoute.

Elle ne peut pas l’entendre — et elle se couvre les oreilles de ses mains, parce qu’il crie…

Ainsi je m’en vais avec mes amours, avec mon amour — et chacun sait dans la maison que mon fils chéri, le Silence, est mort — et je ne pourrai jamais le ravoir — et chaque fois que je l’appelle, je le tue…

Et maintenant je chante… j’ai chanté… qu’ai-je fait !…

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