Page:Clouard - Documents inédits sur Alfred de Musset, 1900.djvu/36

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C’est sans doute à cause de cette intimité que Paul de Musset s’adressa à M. Barre pour le buste qui devait orner le tombeau de son frère. Ce tombeau, qui se trouve au cimetière du Père-Lachaise, à Paris, est construit sur les plans donnés par l’architecte Anatole Jal, dans la grande avenue qui mène à la chapelle centrale ; il est élevé sur un emplacement concédé par l’État, aux frais de la famille de Musset et de l’éditeur Charpentier :


« A Monsieur le Préfet de la Seine.

« Paris, 8 juin 1857.

« Monsieur le Préfet,

« Alfred de Musset, dont la mort prématurée cause en ce moment une émotion si profonde, est né à Paris. Comme la plupart des grands poètes, il ne laisse point de fortune. Dans une élégie touchante, que tout le monde connaît, il a exprimé le vœu suivant :

Mes chers amis, quand je mourrai,
Plantez un saule au cimetière ;
J’aime son feuillage éploré,
La pâleur m’en est douce et chère,
Et son ombre sera légère
A la terre où je dormirai.

« Afin de pouvoir répondre au désir formulé dans ces vers, je prends la liberté de m’adresser à vous, Monsieur le Préfet, pour obtenir la concession gratuite au Cimetière de l’Est, d’un terrain de cinq ou six mètres carrés, espace rigoureusement nécessaire à l’érection d’un tombeau modeste, orné d’un buste en marbre, offert par le statuaire Barre, et accompagné d’un saule pleureur.

« Le poète si justement regretté n’est pas seulement une des gloires de la France ; il est aussi un enfant de Paris, et j’ose espérer que sa ville natale voudra bien accorder à l’un des esprits les plus aimables et les plus aimés qu’elle ait produit, une dernière demeure digne de lui.

« Veuillez agréer, Monsieur le Préfet, l’assurance de ma haute considération.


« PAUL DE MUSSET. »