Page:Cobb - L'enfer des sables, 1936.djvu/13

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y a pas de panne possible… Le Bon Dieu est bon mécano. .. Mais ici, sur la terre, il y a quelque chose à dépanner…

La couleur et la vie se retiraient de plus en plus de ce visage sanglant. La mort approchait. Saint-Flavien, soutint la tête du malheureux qui se renversait en arrière :

— Quelque chose à faire, dites-vous ? Une dernière volonté à accomplir ? Dites-moi ce que c’est. Je vous jure que, ce que vous désirez, je le ferai.

Louis Rateau fit un suprême effort pour réunir ses pensées qui s’enfuyaient :

— Je ne peux plus, dit-il. Tout se brouille dans ma cervelle… Ah ! Oui ! Quand je serai mort, avant d’enterrer mon copain, vous chercherez sur lui son portefeuille. Vous y trouverez un papier… Ce papier a été écrit de la main de Cather…

Il suffoquait. Mais Saint-Flavien avait compris :

— De la main de Catherine Chatel, l’aviatrice, la fiancée de Guizel ? L’aviatrice disparue ?

— Oui… Il la cherchait toujours… Et, il y a un mois, à Alger, un Maure lui a remis ce papier… Il indique où elle est… Nous étions partis pour la chercher…

— Elle serait vivante ?

— Elle l’était quand elle a écrit cela… Mais nous n’avions pas trouvé encore exactement ce que cela voulait dire… Cherchez… Sauvez-la… S’il vivait, il vous le demanderait… Ah ! Je m’en vais… Je souffre… Dans une étreinte inconsciente, il serrait Saint-Flavien à lui faire mal. Celui-ci lui prit la tête, la lui appuya doucement sur sa poitrine :

— Ne parle plus, dit-il. J’ai compris.. Va, mon pauvre copain, endors-toi, n’aie pas peur… La mort, ce n’est rien… C’est le sommeil c’est le repos pour ceux qui ont bien travaillé, comme toi… N’aie pas peur…

Les deux mains du mourant se levèrent pour serrer celle de Saint-Flavien. Il ne dit plus que des mots indistincts.

Saint-Flavien ne bougeait pas. Il voulait que, jusqu’au bout, le camarade sentît la chaleur d’une main