Page:Cobb - L'enfer des sables, 1936.djvu/12

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plaie du front. Mais quand il voulut arracher le vêtement de cuir du blessé, celui-ci se mit à hurler :

— Ne me touchez pas ! Ne me faites pas souffrir ! C’est inutile ! Je suis fichu…

Le cœur de Saint-Flavien se serra. Le corps du malheureux n’était qu’une bouillie sanglante et c’était miracle qu’il eût encore pu tenir jusque-là :

— Nous allons vous transporter dans l’avion, nous vous soignerons, dit-il pourtant. Ne vous agitez pas, restez bien tranquille. Mais votre compagnon… C’est Guizel, n’est-ce pas ?

— Oui. Toute la nuit, je l’ai appelé, il ne me répondait pas… Je crois que tout est fini…

Bakar qui s’était agenouillé près du second corps se retourna, inclinant la tête. Sa main ferma les yeux du mort.

— Il ne pouvait plus vous répondre, dit-il à voix basse. Il a du être tué sur le coup.

Deux larmes coulèrent sur les joues du blessé :

— Pauvre Guizel… Il faudra l’enterrer, ne pas le laisser là… Promettez-moi…

— Je vous le jure, dit Saint-Flavien. Mais il faut s’occuper de vous, d’abord.

— Non… Ne perdons plus de temps… Il faut que je vous parle… Non, n’essayez pas de me mentir… J’ai tant de choses à dire… Je ne crains pas la mort. Lui — il montrait Guizel — et moi, nous jouons depuis si longtemps avec elle… Cela devait arriver… Mais ce que nous voulions faire, il faudra qu’un autre le fasse… Je me nomme Louis Rateau, j’étais le navigateur de Guizel… son ami… Avant notre départ, il m’a dit ce qu’il faudrait faire s’il arrivait… ce qui est arrivé… Qui êtes-vous ?

— Jean Saint-Flavien, chef de l’aéroplace de Juby…

Un vague sourire passa sur les traits du mourant :

— Le dépanneur, comme on vous appelle… Oh ! J’ai souvent entendu parler de vous… Voilà… Pour nous, il n’y a plus rien à faire… Pas de dépannage… Sur la route où Bertrand est parti et où je vais le rejoindre,