Page:Cobb - L'enfer des sables, 1936.djvu/15

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sa combinaison, elle avait un charme étrange qui lui venait du contraste de l’attitude et de la silhouette un peu masculines et de la féminité du visage :

— Comme il devait l’aimer ! pensa Saint-Flavien. Et comme il a dû souffrir de l’avoir perdue !

Perdue ! Ce mot le fit se souvenir du récit de Rateau. Guizel était parti en expédition parce qu’il avait reçu un message d’elle. Elle était donc vivante ? Dans quel coin de l’affreux désert ? Entre quelles mains était-elle tombée. Fiévreusement, il fouilla dans le portefeuille et, soigneusement plié dans une petite enveloppe, il trouva un feuillet qu’il parcourut avec émotion.

Mais, tout de suite, il le laissait retomber avec une expression de découragement car si les mots qu’il lisait lui étaient familiers jusqu’à un certain point, à première vue, il n’établissait pas le rapport existant entre eux :

« TraraAhmer SalounAganEl HafeiraMahirret. >

En dessous, en petits caractères presque invisibles, il y avait une signature qui, pour Guizel, avait dû attester l’authenticité du document :

« Kéké. »

Saint-Flavien resta pensif un instant puis il leva les yeux vers son interprète Bakar qui, silencieux, attendait :

— Regarde… Tu comprends ce que cela peut vouloir dire, toi ?

Le Maure prit le papier, l’examina.

— Trara, je sais ce que c’est. C’est le nom des tribus maures qui parcourent le pays du Sénégal jusqu’au fond de la baie d’Arguin. Mais, ensuite ?

— Ensuite, reprit tranquillement Bakar, il y a Ahmer Saloun. Ahmer Saloun, c’est le nom du chef d’une des grandes familles de Trarza, appartenant à la