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littoral et dans le désert, cachait les étoiles et rendait falôte la lueur des immenses pylônes du champ d’aviation.

— On a raison de l’appeler le Téméraire, murmura Saint-Flavien.

Le radio imposa silence d’un geste brusque. La main qui saisissait le crayon à côté de lui tremblait comme une feuille secouée par le vent. Sur la feuille blanche, Saint-Flavien et ses compagnons voyaient apparaître les trois lettres fatidiques de l’appel de détresse :

— S. O. S… S. O. S…

L’avion Morez 56 était en difficulté quelque part dans la nuit, au milieu du brouillard. Il appelait au secours… Mais où ? Où ?

Saint-Flavien quitta le poste. Dehors, le brouillard l’enveloppa, étouffant comme une fumée d’incendie. Il leva les yeux vers le ciel, là où, tout à l’heure, il avait vu trembler la première étoile. On ne voyait plus rien qu’un océan de coton gris. Et quelque part, dans cet océan l’appel sinistre continuait à retentir aux oreilles du radio de Cap Juby :

— S. O. S… S. O. S…



II

LE SECRET DES SABLES

Vers cinq heures du matin, le brouillard s’était levé, à la façon d’un rideau de théâtre. Les premières lueurs du jour trouvèrent Saint-Flavien avec ses mécanos à côté de son avion paré pour le départ. Comme toujours, il allait partir pour la périlleuse aventure, seul avec son interprète Bakar, un beau garçon au teint ambré, aux cheveux bouclés, au regard fier et dur.

Les habitants de la Mauritanie — les Maures — grands nomades, sont divisés en castes dont les deux