Page:Cocteau - Le Coq et l’Arlequin.djvu/26

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Satie contre Satie. — Le culte de Satie est difficile, parce qu’un des charmes de Satie, c’est justement le peu de prise qu’il offre à la déification. On lui a reproché d’avoir envoyé à un critique des cartes grossières ; je le lui reproche aussi. Avouerai-je que j’ai reçu de Satie des cartes analogues en pleine collaboration, au plus fort de notre amitié ?

Le parfum de la rose est obtenu par quelques-unes des essences qui sentent le plus mauvais du monde. J’ai pensé que le ton de ces cartes entrait dans la combinaison chimique de Satie et je les ai brûlées sans rien dire. Mais, pour cela, me direz-vous, il faut reconnaître le parfum de la rose.


¶ On se demande souvent pourquoi Satie affuble ses plus belles œuvres de titres bouffons qui déroutent le public le moins hostile. Outre que ces titres protègent son œuvre des personnes en proie au sublime et autorisent à rire ceux qui n’en ressentent pas la valeur, ils s’expliquent par l’abus debussyste des titres précieux. Sans doute faut-il voir là une