Page:Cocteau - Le Coq et l’Arlequin.djvu/28

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Wagner. « Attention, lui disait-il, un arbre du décor ne se convulse pas parce qu’un personnage entre en scène. » C’est toute l’esthétique de Pelléas.


¶ Debussy a dévié, parce que de l’embûche allemande, il est tombé dans le piège russe. De nouveau, la pédale fond le rythme, crée une sorte de climat flou, propice aux oreilles myopes. Satie reste intact. Écoutez les Gymnopédies d’une ligne et d’une mélancolie si nettes. Debussy les orchestre, les brouille, enveloppe d’un nuage l’architecture exquise. De plus en plus, Debussy s’écarte du point de départ posé par Satie et entraîne tout le monde à sa suite. La grosse brume trouée d’éclairs de Bayreuth devient le léger brouillard neigeux taché du soleil impressionniste. Satie parle d’Ingres ; Debussy transpose Claude Monet à la russe.

Or, tandis que Debussy épanouissait délicatement sa grâce féminine, promenant Stéphane Mallarmé dans « le Jardin de l’Infante », Satie continuait sa petite route classique. Il nous arrive aujourd’hui, jeune entre les jeunes, trouvant enfin sa place, après vingt ans de travail modeste.