Page:Coeurderoy - 3 lettres au journal L'Homme.djvu/11

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Jours d’Exil un chapitre sur Juin 1848 qui me dispense à tout jamais de me justifier d’un crime que je n’ai pas commis, que je n’ai jamais ni excusé, ni pallié, citoyen ex-rédacteur-en-chef de la Réforme. — Quant à la patrie ; non, je ne reconnais pas la patrie actuelle. Elle est trop au gré des traités de 1815, trop rétrécie par les gouvernements, trop dénaturée par le privilège, trop déformée par les préjugés, trop absolument avilie, flétrie, trop inique, trop vieillie, pour que je n’en sois pas, comme vous, proscrit. Je dirai bientôt comment m’apparaît la patrie de l’avenir. Mais je ne regrette ni la France, ni Paris, la ville des lauriers, ni ses égoûts ni ses sentines ; jamais je ne me prendrai d’une passion soudaine pour la bourgeoisie de mon pays. — Je rends grâce au ciel de n’être pas titré en habileté politique. — J’en dis autant de toutes les patries civilisées. Je ne voudrais être citoyen d’aucune ; j’aime mieux être proscrit, vagabond, déclassé, gitano, et contradictoirement, citoyen du monde. Interrogez-vous bien, citoyen rédacteur, et dites, dites si vous aimez la France d’aujourd’hui. Or la France restera ce qu’elle est aujourd’hui tout qu’elle s’appellera France. Il faut qu’elle meure et qu’elle renaisse, puisque nous-mêmes, les plus indépendants de ses enfants, nous ne sommes plus guère que des rhéteurs de Byzance. Hélas ! la France, la vraie France de l’avenir et de la Révolution, elle est tout de son long sous la terre noire, elle est morte les 23, 24 et 25 Juin 1849, héroïque dans sa sublime et suprême revendication ! Voulez-vous que je révèle notre plus intime secret, à nous tous, proscrits ? ! Nous avons honte d’être appelés Français depuis Juin 1848. Moi du moins, j’ai bien souvent caché que je l’étais.

Deux mots encore, et j’ai fini. Dans tout ce que j’ai écrit sur la transformation prochaine de l’Europe, il n’y a que ceci : L’humanité accomplit sa lente évolution, par une série de révolutions