Page:Coeurderoy - 3 lettres au journal L'Homme.djvu/27

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vous voulu dire que j’avais été peu judicieux dans le choix de mes analogies ? Cependant, je n’ai cité que des faits. D’ailleurs, que ceux qui m’ont lu décident. Mais, en opérations d’entendement, jugement veut dire pour moi conclusion. Et je soutiens que ma conclusion est très-mathématiquement déduite du problème antinomique social que je m’étais proposé de résoudre. —

Certes, je suis de votre avis, complètement de votre avis, Homme, quand vous dites que le triomphe des Barbares n’a pas été le triomphe du Christianisme ; je sais également qu’il n’a amené tout d’abord que la Féodalité, que je taxe, comme vous, à sa juste valeur.

Si j’allais même plus loin que vous ! — Si je vous disais que le véritable esprit du Christianisme n’a triomphé ni dans l’héroïque révolution d’Helvétie, qui consacra la liberté de l’Homme, ni dans le grand mouvement révolutionnaire anglo-allemand, qui consacra la liberté d’Examen, ni dans la première révolution française qui posa, dans le sang, le principe d’Égalité, ni même dans la guerre de l’Indépendance américaine qui proclama l’Émancipation des nationalités ! Si je vous disais qu’il ne triomphe, cet esprit, ni dans l’étroit communisme de M. Étienne Cabet, ni dans l’aimable servitude gouvernementale de M. Louis Blanc, ni même dans les vastes conceptions de P. Leroux et de Proudhon ! — Si je vous disais que le Christianisme n’est que le développement des Bibles d’Orient qui sont elles-mêmes le développement d’autres bibles ! — Si je vous disais que ni le Christianisme, ni la République, ni le Communisme, ni le Socialisme, …. ne sont le dernier mot de l’Humanité ! — Si je vous disais que ni vous, Homme, ni moi, ni qui que ce soit, n’avons ce mot et ne pouvons l’avoir ! — Si je vous disais que le dernier homme, lui-même, ne se doutera pas qu’il le possède ! etc., etc….

……. Vous seriez de mon avis ; car, pas plus que moi, vous ne blasphémez la Révolution. En résulterait-il cependant que nous dûssions nier l’utilité des révélations de Christ, de Guillaume Tell, d’Olivier Cromwell, de Martin Luther, de Robespierre, de Washington, de MM. Étienne Cabet et Louis Blanc eux-mêmes ? (vous voyez que je vais bien loin !) — Non, n’est-ce pas ?

Et si nous ne pouvons nous refuser à reconnaître l’utilité d’aucun mouvement social, même du Communisme, pourquoi ne voudrions-nous pas nous rendre compte de l’utilité providentielle de