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Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/15

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matin mon frère et moi, nous trouvant en présence de mon père, les larmes sur notre figure, il nous demanda qu’avez-vous ? — Nous mourons de faim ; elle nous bat tous les jours. — Allons ! rentrez, je vais voir cela.

Notre dénonciation eut des suites terribles. — Les coups de bâton redoublèrent et le pain fut retranché. — Ne pouvant plus y tenir, mon frère l’aîné me prit par la main, et il me dit : Si tu veux nous partirons, sans dire adieu à personne. En effet, de bon matin nous nous mîmes en route, et nous arrivâmes à Étais, qui est à une lieue de notre pays.

C’était le jour d’une foire. — Mon frère met un bouquet de chêne sur mon petit chapeau, et voilà qu’il me loue pour garder les moutons. Je devais gagner 24 francs par an et une paire de sabots. Mais aussi que de peines !

Mon frère parvient lui-même à se placer. Il me dit adieu, et nous nous séparons, pour ne plus nous retrouver que dix-sept ans plus tard, en des circonstances que je raconterai.

On m’emmène. — J’arrive dans un village qui se nomme Charmois et qui est tout entouré de bois. — C’est moi qui servais de chien à la bergère. — Passe par ci, passe par là, me disait-elle ; et j’obéissais.

Un jour, comme je longeais les bois, il en sort un gros loup qui refoule mes moutons. — Moi, je ne connaissais pas cette bête ; mais je voyais la bergère qui se lamentait et me disait de courir. J’arrive sur le lieu de la scène. — Le loup avait pris un des plus beaux