moutons du troupeau, et il ne pouvait l’emporter. — Je saisis le mouton par les pattes de derrière, et le loup tirait de son côté, moi du mien. — Heureusement, la Providence vint à mon secours. — Deux énormes chiens surviennent. — Ils avaient des colliers de fer, et tombent comme la foudre. — Dans un moment le loup est étranglé. — Jugez de ma joie, conserver mon mouton et voir ce monstre qui gisait sur le terrain !
Je restai un an chez le même maître ; de là, je partis pour la foire d’Entrains. Je fus loué, pour trente francs, une blouse et une paire de sabots, par deux vieux propriétaires habitant le village des Bardins, près Menou. Ils exploitaient des bois pour les conduire au port, et gagnèrent de douze à quinze cents francs par an avec mes deux bras.
L’hiver je battais à la grange et je couchais dans la paille. La vermine s’empara de moi ; j’étais dans la misère la plus affreuse.
Le 1er mai, je partais avec trois voitures mener de la moulée sur les ports ; ensuite je revenais aux pâturages. — Tous les soirs, je voyais arriver mon maître, apportant de la nourriture pour mes vingt-heures. Elle consistait dans une miche de pain et une omelette de deux œufs cuite avec des porreaux et de l’huile de chenevis.
Je passais la nuit dans les beaux bois de Mme de Damas. — J’avais mon favori : c’était le plus doux de mes six bœufs. Dès qu’il était couché, j’allais vers lui, je commençais à ôter mes sabots, et je fourrais mes