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Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/180

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auprès de son souverain, comme nous auprès du nôtre. Napoléon se chargea, en outre, de donner l’hospitalité à ses nouveaux alliés. C’était glorieux pour lui de loger et nourrir deux souverains après les avoir bien battus.

Le lendemain, toute la garde se rangea sur trois rangs, des deux côtés de la grande rue de Tilsitt, et Napoléon alla au-devant d’Alexandre jusque sur le bord du fleuve. Le roi de Prusse ne s’y trouvait pas. Quel beau coup-d’œil ! ces deux empereurs, ces princes, ces maréchaux, tous revêtus des plus riches costumes !

L’empereur de Russie, en passant devant nous, dit à notre colonel Frédéric, du premier régiment : vous avez là une belle garde, colonel !

— Et bonne, sire, ajouta Frédéric.

— Je le sais, répondit Alexandre.

Le roi de Prusse vint peu après rejoindre les deux empereurs, et Napoléon régala ses hôtes d’une belle revue de sa garde, ainsi que du troisième corps d’armée commandé par le maréchal Davoust. Nous étions en grande tenue, brillante comme à Paris. Les troupes du maréchal ne nous le cédaient en rien. Napoléon eut droit d’être fier.

Quand la revue fut terminée, le défilé commença par division. Le troisième corps passa le premier. Les vieux grognards fermèrent la marche : c’était comme un rempart mouvant. À chaque division de la garde qui passait devant eux, l’empereur de Russie, le roi de Prusse, et tous leurs généraux, saluaient avec empres-