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Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/31

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certaine. M. Potier me fit venir et me donnant une pince de moulin, il me dit : Tâchez de les délivrer. Je traverse la cour, barbotant dans l’eau comme un canard. Le courant était rapide, je croyais ne pouvoir atteindre le but. Pourtant, après de longs efforts, j’arrive à la première étable. Avec ma pince, je fais sauter la porte et voilà mes gaillards sortis et nageant comme des poissons. De même, pour les deux autres étables. Mais la petite porte de la cour n’était pas fermée et le courant entraînait les cochons de ce côté. M. Potier qui me regardait d’une fenêtre, me crie : Ils vont sortir ! je me précipite ; il était trop tard, un des cochons avait déjà dépassé la porte. Prenez votre cheval, dit mon maître, et tâchez de gagner les devants. — C’est ce que je fais, et je m’élance à la poursuite de mon déserteur. M. Potier me guidait de sa fenêtre et il ne cessait de répéter : Appuyez à droite, appuyez à gauche. — Ses paroles se perdirent dans le bruit des eaux. Je suivis une mauvaise direction et je plongeai dans un trou l’on avait récemment amorti de la chaux. Quand mon cheval se fut dégagé de là, je ne voyais plus. Cependant je m’essuyai la figure, et je continuai tant bien que mal de poursuivre mon cochon qui filait dans les prés. Je finis par gagner les devants : je l’arrêtai et dès qu’il eût le nez tourné vers la maison, il revint plus vite et plus facilement que je n’eusse espéré.

J’arrivai dans la cour tout transi de froid, mes habits trempés d’eau, mais bien content d’avoir pu rendre un