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Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/32

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petit service à mes maîtres. — Ceux-ci m’accablèrent d’amitiés. — M. Potier me donna pour changer de ses propres vêtements. — J’étais habillé comme lui : j’étais fier : je ne ressemblais plus au pauvre petit morvandiau !

On me mit au courant de plusieurs ouvrages. Je veux que vous sachiez tout faire, disait M. Potier. — Le garde moulin me montra à manier le boisseau. Le laboureur, qui s’appelait le père Prou, m’apprit à tenir la charrue. On m’accoutama aussi à monter les chevaux et à les dresser.

Comme les autres domestiques étaient un peu jaloux des soins qu’on me prodiguait, madame leur raconta mon histoire, leur dit que mes parents avaient du bien et que je n’étais pas né pour servir les autres, mais que mon père était un méchant homme qui m’avait abandonné : alors, tous, garçons et filles furent pleins de bontés et de prévenances pour moi.

M. Potier avait sept enfants. J’étais chargé d’aller les chercher dans les pensions et de les ramener chez eux. C’était une fête pour eux et pour moi. J’étais de toutes leurs parties, à pied, en voiture, partout. Je réglais les petits différents qui survenaient entre les demoiselles et leurs frères.

Un jour, M. Potier m’emmena à la foire de Reims. Il s’agissait d’acheter des chevaux que lui avaient demandés les pairs de France de ce temps-là, (on était sous le Directoire). Nous eûmes le bouquet de la foire