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tu ne te fais pas tuer aux portes de Reims… Allez, nous dit-il, renversez tout dans les fossés.

Et nous voilà tous partis.

Arrivés près des pièces et des caissons, au lieu de les renverser, nous les portâmes à bras, aidés des canonniers et des soldats du train, sur le côté de la route. Tout cela fut fait en une minute, et les seize pièces passèrent sous les regards de l’empereur, qui nous regardait faire sans rien dire et le dos tourné à son feu. Les canons furent immédiatement mis en batterie, à droite de la route, dans une belle place, en face la porte. La nuit était très-obscure, et le malheur voulut qu’on n’aperçût pas deux de nos pièces qui se trouvaient déjà braquées non loin de la porte, en cas de sortie et de surprise de la part des Russes. On ne voyait rien du tout.

Les seize pièces en batterie lachèrent leur bordée : tout fut mis en pièces : chevaux, canonniers, tous furent moulus. Les portes volèrent en poussière, et les abords de la ville furent complètement rasés. Les boulets labouraient les rues, et les obus tombaient au milieu de la route sur les redoutes de l’ennemi. Pendant ce ravage, l’empereur donnait à ses régiments de cuirassiers l’ordre de se tenir prêts pour entrer en ville, leur indiquant les rues que devait occuper chaque escadron.

Lorsque tout fut renversé et la brèche ouverte, on