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où l’on avait construit un moulin à vent. L’empereur y établit son quartier général en plein air. Nous lui fîmes un bon feu. On ne voyait pas dix pas de soi. Il était si fatigué de la journée de Craonne qu’il demanda sa peau d’ours et s’allongea près du feu. Nous étions là tous, en silence, à le contempler, à le garder, et les Russes paraissaient bien tranquilles dans Reims, où nous nous proposions de leur souhaiter le bonjour le lendemain matin ; mais ils jugèrent prudent de prendre avance et de déloger la nuit même à 10 heures du soir. Ils firent une sortie sur leur droite par une forte brèche. La fusillade s’engagea vivement sur notre gauche.

L’empereur se leva précipitamment :

— Que se passe-t-il par là ?

— C’est un hourra, sire, lui répond son aide-de-camp.

— Où est le capitaine qui commande la batterie ?

— Le voilà, sire.

Le capitaine s’approche de |’empereur.

— Où sont tes pièces ?

— Sur la route.

— Fais-les venir.

— Je ne puis passer, l’artillerie de la ligne est devant moi.

— Il faut renverser toutes ces pièces dans les fossés : je veux, à minuit, être dans la ville. Tu entends ?… Si