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Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/358

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toucher ces trois cents francs, il m’arriva une aventure assez singulière.

Je me présente au capitaine qui commandait la troisième compagnie d’officiers du bataillon sacré, car les officiers de grade inférieur n’étaient là que simples soldats ; il fallait être officier supérieur pour être capitaine d’une compagnie de cent officiers. Je m’adresse donc à lui pour réclamer les trois cents franes qui m’étaient dus ;

— Comment vous nommez-vous ? me dit-il en me toisant de l’œil.

— Coignet.

Il regarde sur sa feuille : mon nom y figurait. Cependant mon homme, qui ne paraissait pas très-pressé ni même très-désireux de me payer, me répond froidement :

— Je n’ai plus d’argent ; il fallait vous trouver ici avec les autres ; la paie est terminée.

— Mais la somme qui me revient, à qui l’avez-vous remise ?

— À personne.

— Donc elle est encore ici entre vos mains. Il me la faut. — Je ne puis vous payer, encore une fois, vous venez trop tard. — Pas tant de bruit, je vais aller éclaircir l’affaire et revenir promptement. Nous verrons bien si vous avez le droit de ne pas me payer ce que vous me devez.

Ce capitaine était un vieil émigré qui s’était pré-