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Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/359

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senté l’empereur pour reprendre du service, et qui avait été mis en activité. Je vole aux Tuileries rendre compte de mon désappointement au général Bertrand et au comte Drouot. Ils furent très-étonnés d’apprendre que le vieux chevalier s’était refusé à me payer. Le général Bertrand lui écrivit deux mots :

— Tenez, me dit-il, portez-lui ce poulet, et votre affaire va marcher toute seule.

— Ce monsieur-là mériterait bien, répondis-je, que je le fisse coucher au bivouac, s’il vient à l’armée.

— Trés-bien, dit en riant le général Bertrand ; mais les vieux émigrés sont comme les plats d’étain, ils ne vont guère au feu.

Je retourne sans perdre un moment, place Vendôme : — Voilà, dis-je au capitaine, un poulet à votre adresse, il n’y a pas besoin de broche pour le faire cuire ; il est tout arrangé, prêt à servir : goûtez-le, s’il vous plaît, on attend votre réponse.

Mon homme lut et apparemment qu’il trouva la sauce du poulet assez salée, car il s’emporta presque contre moi et me dit d’un air mécontent :

— Mais pourquoi avoir été vous plaindre aux Tuileries ?

— Mais pourquoi refusez-vous de me payer ce qui m’est dû ?

— Le palais impérial n’est pas votre place.

— Pardon, capitaine, je suis vaguemestre général