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Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/37

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eux, je n’étais pas maître d’arrêter mes larmes. Qu’étaient-ils devenus ? — J’eus plusieurs fois l’intention de demander à mes maîtres la permission d’aller à Druyes pour m’en informer. Mais j’avais peur de perdre ma place. Il fallut donc patienter et attendre tout du temps ou du hasard.

Un jour on m’invita à passer à la mairie : j’y allai. — On me demanda mon nom, mon âge, mon pays, ma profession : je les indiquai. — On me congédia ensuite. — Cela me mit martel en tête, — Que diable me veulent-ils ? pensai-je en moi-même. — Je racontai l’affaire à mes maîtres ; ils me dirent que c’était pour la conscription.

— Alors je vais être soldat ! m’écriai-je.

— Bientôt, peut-être ! mais si vous voulez nous vous achèterons un homme.

— Oh ! je vous remercie, nous verrons plus tard.

On ne peut se figurer quelle impression me fit cette nouvelle. — Ma tête était en feu, — Je me voyais sur le point de quitter cette maison j’avais passé de si bons jours et trouvé des maîtres si excellents. — Mais je m’y résignai sans peine. — Je me sentais une véritable vocation pour l’état militaire. — J’aurais voulu déjà être parti. — Que de peines cependant m’attendaient dans cette carrière si enviée !

Ici finit mon enfance, ma jeunesse, la première partie de ma vie civile. Bientôt ma vie militaire va commencer.