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Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/36

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et de chasseurs, dont M. Potier remontait les régiments. Un jour, après une livraison, le général qui l’avait reçu me fit compliment sur le soin que j’avais donné aux chevaux et me remit trente francs à titre de récompense. En le quittant, je dis à mon maître : si jamais je suis soldat, je ferai mon possible pour entrer dans les hussards.

— Ils sont trop beaux, répondit-il ; ne songez pas à cela. Nous verrons d’ailleurs quand il en sera temps. Le métier de soldat n’est pas tout rose.

— Je le crois ; aussi je ne suis pas parti et puis je ne vous quilterai pas à moins d’y être forcé.

— C’est bien, répliqua-t-il, je suis content de votre réponse.

Quand nous étions revenus de toutes nos courses, je reprenais mes travaux ordinaires et je m’y perfectionnais. À 16 ans, je portais un sac de blé comme un homme. Je ne me rebutais à rien. Je me faisais toujours remarquer par ma vivacité. Cependant l’état de domestique commençait à être pour moi un pesant fardeau. Si j’apercevais un beau militaire avec un grand sabre et un grand plumet, ma petite tête travaillait. J’aurais voulu être comme lui. D’un autre côté, je me reprochais une pensée pareille. J’étais si heureux chez M. Potier !

Parfois, un triste souvenir d’enfance venait me troubler. Je pensais à mes frères et à mes sœurs, et surtout aux deux petits qui avaient été perdus. En songeant à