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Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/375

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qu’on ne pouvait lui envoyer : il voulait être vainqueur à tout prix et tenta une escalade pour en finir. Il voyait les Anglais en déroute se sauver sur la route de Bruxelles ; c’était comme un tigre à qui on arrache sa proie. Mais la journée s’avançait ; l’armée prussienne avait gardé ses lignes et venait d’opérer sa jonction avec l’armée anglaise. Dès ce moment, la partie devint par trop inégale ; il n’y avait plus moyen, pour nous, de tenir contre de pareilles forces. Une fois réunies, les deux armées fondirent sur nous et nous écrasèrent.

L’empereur, se voyant débordé de toutes parts, prend la vieille garde, se porte en avant, au centre de son armée, et, suivi de tout son état-major, il fait former les bataillons carrés. Cette manœuvre terminée, il pousse son cheval pour entrer dans le carré que commandait Cambronne ; mais tous ses généraux s’empressent de l’entourer et de s’opposer à l’exécution de son dessein désespéré.

« Que faites-vous ? lui criaient-ils de toutes parts, en lui barrant le passage ; ne sont-ils pas déjà assez heureux d’avoir la victoire ! »

Son dessein était assurément de se faire tuer dans la mêlée. Que ne le laissa-t-on l’accomplir ! Par là, il se fût épargné, à lui et à la France, bien des humiliations et des souffrances ! Au moins, nous serions morts tous gloriensement à ses côtés, sur le champ de bataille. Mais non ; il lui était réservé, à lui et à nous, de nouvelles et bien rudes épreuves !