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Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/380

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avec tout ce qu’elles avaient de plus précieux. Les routes étaient encombrées de voitures et de soldats. Enfin nous arrivâmes aux portes de Paris par la barrière Saint-Denis ; tout était barricadé : l’on faisait camper les troupes dans la plaine des Vertus, aux buttes Saint-Chaumont, et le quartier général était à la Villette, où le maréchal Davoust s’était établi ; il était ministre de la guerre, général en chef de l’armée, enfin il était alors à peu près tout dans le gouvernement.

Nos troupes étaient donc réunies au bord de Paris, dans cette belle plaine des Vertus, où le maréchal Grouchy arriva avec son corps d’armée qui n’avait pas souffert du tout. On nous dit qu’il avait trente à trente-cing mille hommes. Il voulait prendre le commandement de l’armée, mais le maréchal Davoust s’y opposa, dit-on, formellement.

En ma qualité de vaguemestre du grand quartier général, j’avais le droit de m’y présenter tous les jours pour recevoir les ordres, pour assister aux distributions, et là je voyais arriver toutes les députations, les généraux et les bourgeois. De grandes conférences se tenaient nuit et jour au quartier général. Pour moi, je n’avais guére à m’occuper que des distributions de vivres ; chemin faisant, je voyais une partie de ce qui se passait. Je puis dire, du reste, à la louange des Parisiens, que rien ne nous manquait. Ils nous envoyaient jusqu’à des cervelas et du pain d’élite pour les officiers de l’état-major.