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Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/381

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Le matin, à quatre ou cinq heures, j’étais sur pied, et j’ai vu plus d’une fois des gardes nationaux monter par-dessus les murs de clôture de l’enceinte de Paris, prendre à gauche du village dans la crainte de se faire arrêter et se porter sur la ligne pour faire le coup de fusil avec les Prussiens.

Un matin qu’il en arrivait un assez grand nombre, je voulus suivre leur mouvement : c’était le 29 ou le 30 juin ; je monte à cheval et pars bien armé : deux pistolets de fonte carabinés, qui portaient à une distance incroyable ; ils m’avaient, du reste, coûté cent francs. J’en ai, depuis mon retour, fait cadeau à M. Maret.

J’arrive donc dans cette belle plaine des Vertus, ayant la vieille garde à ma droite et les gardes nationaux à ma gauche. Parvenu à la téte de nos factionnaires qui étaient sur la première ligne, l’arme au bras, je leur parlai : ils étaient furieux de l’inaction à laquelle ils nous voyaient condamnés.

— Point d’ordre, me disaient-ils ; les gardes nationaux de Paris font le coup de fusil, et nous, nous sommes forcés de rester là, l’arme au bras. Nous sommes trahis, capitaine.

— Non, mes amis, vous recevrez des ordres, prenez patience.

— Mais on nous défend de tirer.

— Dites-moi, mes braves soldats, je voudrais passer la ligne ; je vois là-has un officier prussien qui fait des