Aller au contenu

Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/391

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
189

En sortant du palais, je me dis : voilà de belles étrennes ; il va falloir se serrer le ventre avec la demi-solde. Je terminai mes petites affaires, et le 4 janvier, je partis de Bourges. Dès le lendemain 5, j’arrivais à Auxerre.

Je me rendis à l’Hôtel-de-Ville, où l’on me donna un billet de logement pour cing jours chez M. Gelet, porte de Paris, au Faisan. Là, je vivais à table d’hôte et prenais mes repas avec le marquis de Ganet, qui m’invita à manger avec lui ; mais trois francs par repas, c’était trop cher pour une petite bourse comme la mienne. Il y avait bien du changement dans ma position. Avec soixante-treize francs par mois, il est difficile, non pas précisément d’en dépenser, mais d’en payer quatre-vingt-dix, seulement pour dîner, et sans compter mon domestique et mes trois chevaux. Il me fallut donc réduire notablement ma carte et changer de régime, car je n’avais pas envie de me mettre dans les dettes. J’écrivis à mon frère à Paris pour le prier de me faire passer deux cents franes. Je lui disais que sitôt mes chevaux vendus, je lui en ferais passer le prix en totalité.

De suite les deux cents francs me furent envoyés. Je les employai à acheter du foin, de la paille et de l’avoine pour mes chevaux, qui m’auraient ruiné si j’étais resté trois mois à l’hôtel. Je m’établis donc avec mes trois bêtes à des conditions très-économiques chez Carolus Monfort, aubergiste, à côté de mon hôtel. Ce