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Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/41

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On nous habilla promptement, et au grand complet ! Deux fois par jour, nous faisions l’exercice, et tous les dix jours, nous célébrions la décadi. Là, il fallait chanter des Te Deum et crier vive la République ! Puis le soir on dansait dans la grande rue autour de l’arbre de la liberté, en chantant : Les aristocrates à la lanterne ! Comme c’était amusant !

Cette vie dura à peu près deux mois, lorsque tout à coup la nouvelle circula dans les journaux que Bonaparte était débarqué en France et qu’il venait à Paris. On disait que c’était un grand général ; nos officiers étaient fous de joie parce que le chef de bataillon le connaissait. Il nous firent passer des revues de propreté, surveillèrent nos habillements, nous conduisirent à l’exercice du matin jusqu’au soir ; nous avions des durillons aux mains à force de taper sur la crosse de nos fusils.

Bientôt arrive un courrier annonçant que Bonaparte allait passer par Fontainebleau.

Dès le matin, nous étions sous les armes et rien ne venait. On ne voulait même pas nous donner le temps de manger, Des vedettes avait été placées dans la forêt, et à chaque instant, elles criaient : Aux armes ! Et tout le monde de se mettre aux balcons, mais en pure perte.

Bonaparte n’arriva qu’à minuit dans la grande rue de Fontainebleau où il mit pied à terre. Il fut enchanté de voir un si joli bataillon, fit venir tous les officiers autour de lui et leur donna l’ordre de partir dès le lendemain