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Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/42

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pour Courbevoie. Il remonta dans sa voiture ; et nous de crier : vive Bonaparte ! de rentrer dans nos casernes pour apprêter nos sacs, et de courir le pays pour faire lever les blanchisseuses, et payer nos petites dettes.

À Courbevoie, nous trouvâmes une caserne dépourvue de tout le nécessaire ; même pas de paille pour nous coucher. Nous fûmes obligés d’aller chercher des paisseaux dans les vignes pour nous faire du feu, et faire bouillir nos marmites. Heureusement, nous n’y restâmes que trois jours, après lesquels on nous conduisit à l’École militaire de Paris. Il est vrai que nous n’étions guère mieux.

On nous mit dans des chambres qui ne contenaient que des paillasses, et au moins cent hommes dans chaque chambre. Un jour on nous fit une distribution de trois paquets de cartouches à quinze par paquet et peu après nous reçûmes l’ordre de partir pour Saint-Cloud.

En passant sur la place de la Révolution, nous aperçûmes des canons braqués et nous vimes la cavalerie qui suivait la même route que nous. Les cavaliers étaient enveloppés de grands manteaux gris et montés sur d’énormes chevaux noirs. On nous dit que c’étaient les gros talons, et qu’ils étaient couverts de fer. Mais cela n’était pas vrai. Ils avaient seulement de vilains chapeaux à trois cornes et deux plaques de fer en croix sur la forme de leurs chapeaux. Leurs montures étaient pesantes à faire trembler la terre. Eux-mêmes ressemblaient à de gros paysans. Telle était alors cette portion