plus, un bon mobilier. Ces déclarations étaient peu propres à m’éloigner de mon premier projet.
— Eh bien ! madame, répondis-je, je ne connais ce capitaine que pour l’avoir vu quelques fois aux grandes cérémonies. Je ne puis donc vous donner aucun renseignement sur lui.
À peine avais-je pris congé de M. Labour que, sans perdre de temps, le jour même, je me rends chez mademoiselle Baillet, c’était bien celle que l’on se disposait à me souffler ; puis, après avoir fait quelques petites emplettes en épicerie, je demandai encore une livre de café, frais moulu ; la marchande se prêta de bonne grâce à satisfaire mes désirs, et je tripotais dans la boutique pendant qu’elle faisait tourner son moulin à café, sans oser aborder la question délicate. Je n’avais pas peur, mais j’hésitais. Cependant, l’opération finie, mes deux paquets ficelés et payés, il fallut se décider ou à parler ou à sortir. Je romps enfin le silence et débute ainsi :
— Ce n’est pas précisément cela qui m’amène chez vous, mademoiselle, et je voudrais vous dire quelque chose en particulier.
— Eh bien ! monsieur, nous sommes sans témoin ; qu’avez-vous à me dire ? Parlez, je vous écoute.
— Je viens vous demander votre main pour moi ; je fais ma commission moi-même, comme vous voyez, sans préambule et sans détours ; je ne sais pas faire des