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Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/422

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phrases : c’est en franc militaire que je vous fais ma demande.

Cette déclaration à brûle-pourpoint émut d’abord un peu ma marchande ; mais elle reprit bien vite son calme et son aplomb et, sans me faire attendre sa réponse :

— Si vous me parlez franchement, monsieur, je vais, moi, vous répondre avec la même franchise : Eh bien ! ça pourra tout de même se faire…

Je pris heure avec elle pour parler plus au long de cette sérieuse affaire, et nous ne fûmes pas longtemps à nous entendre et à régler nos petites conditions d’avant mariage. Une chose m’inquiétait d’abord : pour obtenir la permission de me marier, il fallait que ma future prouvât qu’elle possédait un avoir d’au moins douze mille francs. Heureusement, la preuve fut facile à faire. Mais ce premier obstacle aplani ne levait pas tous les autres. Si ma future avait une certaine fortune, mon bilan à moi était malheureusement plus léger et plus facile à établir. Je ne dissimulai rien ; je ne possédais, à part ma demi-solde et ma croix, que quelques arpents de mauvaise terre et des vignes de peu de rapport. Je le déclarai très-franchement à Mlle Baillet, qui, loin d’en être effrayée, me dit en souriant : « C’est bien, demandez votre permission, je vous donne ma parole. »

Huit jours après, j’avais ma permission.