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Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/45

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par les croisées et nous avons été maîtres du terrain.

Il nous dit aussi que Joséphine lui avait donné une bague qui valait quinze mille francs, en lui défendant de la vendre, et en lui disant qu’elle pourvoirait à tous ses besoins.

La brigade à laquelle j’étais incorporé était composée en partie de vieux soldats à l’épreuve. Notre colonel, M. Lepreux, natif de Paris, était un officier très-distingué. Mon capitaine à moi, s’appelait Merle. Il possédait toutes les qualités militaires. J’aurai bien souvent occasion d’en parler dans le cours de ces mémoires et toujours avec éloges. Du reste, tous nos officiers étaient excellents, ils nous menaient ferme, et au bout de trois mois, nous autres jeunes soldats, nous pûmes manœuvrer devant le premier consul.

Je devins aussi très-fort dans le maniement de l’arme blanche. J’étais souple et j’avais deux bons maîtres, qui s’occupaient beaucoup de moi. Ils m’avaient tâté et ils avaient senti ma ceinture. Je leur payais la goutte, et pour me récompenser ils me poussaient rapidement.

Je n’eus pas lieu de m’en plaindre ; car, au bout de quelque temps, ils me mirent à même de sortir d’une forte épreuve, qu’ils m’avaient, du reste, préparée. Ils me firent chercher une querelle, je puis dire sans aucun sujet. Allons, me dit mon adversaire, prends ton sabre et viens que je te tire une petite goutte de sang.