Quand nous rejoignîmes notre corps, le colonel nous fit des compliments sur notre succès. Le capitaine nous félicita à son tour et nous dit : Mes grenadiers, vous venez de remplir une belle mission ; c’est une épreuve glorieuse pour la compagnie ! Il nous serra les mains à tous, et s’adressant à moi spécialement, il me dit qu’il était content de mon premier début. Nous répondîmes par des protestations de dévouement, dont il nous remercia mille fois.
L’artillerie passée, nous prîmes le sentier déjà frayé par l’armée et bientôt de l’enfer, nous arrivâmes dans le paradis, c’est-à-dire, dans les belles plaines du Piémont.
Nous marchâmes à marche forcée jusqu’à Turin. Les habitants parurent stupéfaits de voir arriver par là une armée avec son artillerie. Le lendemain nous partîmes pour Milan. Là encore, le peuple nous reçut avec joie et étonnement. En sortant de la ville, à droite de la porte de Rome, nous trouvâmes des baraques toutes faites, un camp tout dressé, et nous reconnûmes qu’il y avait une armée devant nous.
Nous formions en effet l’arrière-garde du général Lannes. Pendant qu’il battait et rebattait les Autrichiens, on nous portait tantôt sur un point, tantôt sur un autre, sans jamais nous faire brûler une cartouche.
Mais un combat plus sérieux s’engagea dans les environs de Montebello. Les Autrichiens étaient maîtres