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Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/55

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de hauteurs, d’où leur artillerie foudroyait nos troupes. Il fallut deux brigades de notre division la 24e et la 45e pour s’emparer de cette position formidable.

Nous mêmes, nous fûmes obligés de suivre le mouvement et de nous rapprocher de l’avant-garde. Nous étions environ trois mille cinq cents hommes. On arrêta notre marche à une demie lieue en arrière de Montebello et on nous plaça dans une belle plantation de mûriers, traversée par une allée fort large. — Nous formâmes les faisceaux par bataillon, et chacun se régala de mûres dont les arbres étaient chargés.

Sur les onze heures, nous entendîmes la canonnade ; nous la croyions très-loin : pas du tout. Le combat se livrait derrière le village. Les maisons arrêtaient le son, et nous trompaient sur la distance.

Sur les midi, un aide-de-camp du général Lannes arrive au galop avec ordre de nous faire avancer le plus vite possible, parce que le général était forcé de tous côtés. Aux armes, crie notre colonel ! allons, mon brave régiment, c’est notre tour aujourd’hui de nous signaler ! Notre capitaine, à la tête de ses 174 grenadiers répond qu’il est sûr de sa compagnie, et que d’ailleurs, il marchera le premier.

On nous dispose par sections sur la route et on nous fait charger nos fusils en marchant. C’est là que je mis ma première cartouche dans mon fusil. Je fis avec elle le signe de la croix, et cela me porta bonheur, car elle sauva la vie de mon capitaine.