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Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/56

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Au bout de quelques instants nous arrivâmes à l’entrée du village de Montebello. Il était encombré de morts et de blessés. Je n’en avais jamais vu, n’ayant encore assisté à aucune bataille. Cet aspect produisit sur moi une très-vive impression. Mais la charge battit à la tête du régiment et je ne songeai plus qu’à marcher avec les miens.

Nous étions rangés par rang de bataille. Je me trouvais à la première section, au troisième rang. En sortant du village nous aperçûmes une pièce de canon à trois cents pas de nous, au milieu de la route. Les ennemis firent feu. Heureusement la mitraille n’atteignit personne et effleura les baïonnettes.

En l’entendant, je baissai la tête. Mon sergent-major me donna par derrière un coup de sabre sur mon sac. On ne baisse pas la tête, me dit-il. — Bien ! lui répondis-je, et je continuai d’avancer.

Le capitaine Merle, une fois le coup parti, cria de se jeter à droite et à gauche dans les fossés pour en éviter un second. Sans doute les tambours, qui battaient la charge devant nous, n’entendirent pas ce commandement et ils restèrent sur la route. Moi-même je ne le compris pas, et les premiers rangs ayant déguerpi, je me trouvai seul tout à découvert. Alors je m’élance comme un fou, je dépasse le capitaine, je traverse les tambours et je cours à la pièce de canon. J’arrive comme les artilleurs finissaient de charger. Ils se dépêchaient pour nous cribler une seconde fois et me