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Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/61

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Le soir, mon capitaine me prit par le bras et me présenta au colonel à qui il raconta ce que j’avais fait. Puis il me mena au quartier-général, Il causa quelque temps avec Berthier et le premier consul. On me fit approcher. Bonaparte vint vers moi et me prit par l’oreille. Je croyais que c’était pour me gronder, pas du tout c’était par amitié. — Combien as-tu de service, me dit-il ?

— Général, c’est le premier jour que je vais au feu.

— Ah ! c’est bien débuté.

— Berthier, marque lui un fusil d’honneur… Tu es trop jeune, ajouta-t-il, pour entrer dans ma garde, il faut pour cela quatre campagnes… Berthier marque-le sur le livre des notes et dès qu’il aura le temps de service requis, tu le feras entrer dans ma garde… Cela dit, le consul nous congédia.

Mon capitaine me ramena près de ma compagnie. Nous marchions bras dessus, bras dessous comme si j’eusse été son égal. Il me demanda si je savais écrire, et comme je lui répondais non, il m’en témoigna ses regrets. Que c’est fâcheux pour vous ! dit-il, sans cela votre carrière serait ouverte. Mais c’est égal, vous voilà bien noté !

Une fois revenu à la compagnie, tous les officiers me serrèrent la main, et le sergent que j’avais délivré me sauta au cou. Tout le monde me fit compliment. Comme j’étais heureux !

Ainsi finit pour moi la bataille de Montebello.