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Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/60

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sâmes se remettre, et nous de courir, comme avant, pour gagner la tête de la compagnie. Elle commençait à sortir du chemin creux qui débouche dans une grande prairie. Le capitaine parvint à la rassembler, et nous joignîmes le reste de la brigade qui était arrivé par une autre direction.

Comme nous étions embarrassés de trois cents prisonniers, qui s’étaient rendus dans le chemin creux, on les remit à quelques hussards de la mort qui passaient. Leur régiment avait été massacré le matin : il n’y en avait pas deux cents de reste.

Nous continuâmes à avancer. Nous tenions le centre des bataillons en bataille. Le capitaine ne m’avait pas fait reprendre mon rang. Il m’avait gardé près de lui. Je chargeais mon fusil en marchant, et je m’arrêtais par intervalles, pour envoyer une balle à l’ennemi qui fuyait devant nous.

La charge battait sur toute la ligne de notre armée. Les Autrichiens étaient en déroute complète. Ils ne faisaient même plus feu sur nous. Ils se sauvaient comme des lapins. Leur cavalerie surtout avait été abimée et, en se repliant sur leur infanterie, elle y avait jeté l’épouvante et la confusion,

Le premier consul vint jour voir la bataille gagnée. Il était accompagné du général Lannes. Ce dernier était tout couvert de sang : il faisait peur. Il était resté toute la jourpée au milieu du feu et il commanda lui-même la dernière charge.