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Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/67

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soutenir que les premiers instants d’une bataille m’aient toujours laissé indifférent et calme ; je prétends, au contraire, que le plus brave soldat ressent, dans cette occasion solennelle, une émotion voisine de la peur.

À quatre heures environ la fusillade retentit sur notre droite. Les aides-de-camp du général Lannes vinrent nous assigner notre ligne de bataille. On nous fit rétrograder derrière une belle pièce de blé qui se trouvait sur une éminence et qui nous masquait un peu.

Nous attendîmes quelque temps, dans l’inaction. Tout-à-coup, les tirailleurs ennemis sortent des marais et des saules placés en face de nous. L’artillerie commence son feu.

Un obus éclate dans la première compagnie et tue sept hommes. Un boulet frappe le gendarme qui était d’ordonnance près du général Chambarlhac. Ce dernier se sauva à toute bride, et nous ne le revîmes pas de la journée.

Il vint à sa place un général dont je ne puis savoir le nom ; petit, bien fait, portant de belles moustaches blondes, montrant beaucoup de bravoure et d’activité. Déjà, dans la matinée, son cheval avait été tué. Il était à pied, s’approcha du colonel Lepreux et lui demanda où était Chambarlhac. Sur la réponse du colonel, il prit le commandement de la division.

À peine était-il à notre tête, qu’il s’avança vers la première compagnie de grenadiers dont je faisais partie, nous fit mettre sur un rang, et nous lança pour atta-