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Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/68

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quer. Marchez, dit-il, ne vous arrêtez pas en chargeant vos armes. Quand il le faudra, je vous ferai rentrer par un rappel. — Cela dit, il court rejoindre sa division.

Mais une colonne d’Autrichiens débusque tout entière des bosquets de saules où elle était cachée, se déploye devant nous, et nous crible de ses feux de bataillon. Notre petit général répond par d’autres feux de bataillon, et nous voilà, entre les deux, sacrifiés !

Je cours derrière un gros saule, je m’appuie sur le tronc, et je continue de tirer dans la colonne ennemie. Je n’y pus tenir longtemps ; les balles venaient dans tous les sens. Je fus contraint de me coucher la tête par terre, pour me préserver de cette mitraille, qui hachait les branches et les faisait tomber sur moi. J’en étais couvert ; je me croyais perdu.

Heureusement toute la division s’avança de mon côté. Je me relevai, et je me trouvai dans une des compagnies de mon bataillon. J’y restai toute la journée, car, de la mienne, il n’y avait plus que 44 grenadiers sur 174 : le reste tué ou blessé !

Au bout de quelques instants, nous fûmes obligés de reprendre notre première position. Là, nous étions criblés par la mitraille : tout tombait sur nous. Nous tenions la gauche de l’armée, et nous touchions à la grande route d’Alexandrie. C’était la position la plus difficile. Les ennemis voulaient toujours nous tourner et gagner la route qui leur était si utile. Il fallait sans cesse appuyer sur notre gauche pour éviter d’être pris par