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Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/80

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taille, et le souper auquel il m’avait invité le soir. Je lui observai que peut-être le colonel et le général seraient fort aises de partager notre pain. — Vous avez raison, me dit-il, ils sont comme nous, la faim les dévore. Aussi, après avoir mangé quelques bouchées, il leur porta une miche qui fut très-bien reçue.

Le 16, au matin, le général Mélas nous renvoya nos prisonniers. Il y en avait environ douze cents. Ce fut une grande fête pour nous de les revoir.

Ce même jour, nous reçûmes l’ordre de nous tenir prêts à défiler devant le premier consul. Chaque soldat couvrit son chapeau de feuillages, en signe de joie et de victoire, et à midi le défilé commença. Bonaparte était à cheval sur cette grande route d’Alexandrie qui nous avait coûté tant de sang et d’efforts. Toute l’armée vint y passer devant lui.

Les débris de notre malheureuse division étaient conduits, comme au jour de la bataille, par notre excellent petit général. Chambarlhac voulut se montrer et reprendre son commandement. Il fut reçu à coups de fusils et n’eut que le temps de s’enfuir au galop. Depuis nous ne l’avons plus revu.

Le 26, nous assistâmes à un autre défilé ; c’était celui des Autrichiens sortant d’Alexandrie en vertu des conventions qui venaient d’être signées par le premier consul, Nous étions frappés de stupeur en voyant passer sous nos yeux cette masse d’infanterie, d’artillerie et de cavalerie. Il y en avait assez pour nous battre à plate