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Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/93

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Nous eûmes aussi notre fête à nous. La caserne rendit le pain béni. Ce fut une vraie cérémonie. On fit faire trois civières garnies de velours et chargées de brioches. — Six des sapeurs les portaient. Toutle régiment était à la messe. La femme du colonel quêtait. Elle était conduite par mon brave capitaine Merle, devenu commandant. Le tambour-major servait de suisse, et moi je tenais le plat où se déposaient les offrandes. La quête produisit 900 francs aux pauvres de la ville.

Après la messe, on porta chez le colonel une des civières chargée de pain béni, et l’on fit des parts, avec une branche de laurier sur chaque, et une lettre d’invitation à côté, pour un grand bal que donnait M. Lepreux.

Je fus chargé de procéder à la distribution de ces parts. Deux sapeurs portaient la grande bannette toute pleine de brioches. Is s’arrêtaient à la porte de chaque invité ; je prenais une part et une lettre d’invitation et j’entrais pour les présenter. Dans chaque maison on me donnait tantôt un écu de 6 fr., tantôt un petit écu. Ma tournée dans la ville et les campagnes me produisit 300 fr.

Le colonel voulut savoir si j’avais bien été récompensé. Je lui vidai mes poches. Il partagea la somme en deux et me dit : Voilà d’abord la moitié pour vous ; partagez le reste avec les sapeurs.

Mes camarades ne savaient rien de ce qui s’était passé. Quand nous fûmes de retour à la caserne, et