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Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/92

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du Portugal, mais on ne se battit pas sérieusement, et l’on obtint la paix sans difficultés.

Nous rentrâmes en France par la même route que nous avions déjà suivie. Bien que nous ne fussions pas en pleine guerre, il fallait cependant veiller sur nous. Au sortir de Valladolid, les Espagnols nous égorgèrent deux fourriers à coups de masse. Un peu plus loin, près de Burgos, ils eurent l’audace de pénétrer dans le corps-de-garde, placé au logement du colonel, et d’y prendre nos drapeaux pendant que les soldats dormaient. Heureusement le factionnaire finit par les apercevoir : il cria aux armes ! On se précipita à leur poursuite, et nos grenadiers, les ayant atteints, les passèrent au fil de la baïonnette. Voilà quel est le fanatisme de ce peuple !

Nous traversâmes Bordeaux, Tours, et nous arrivâmes au Mans, lieu qu’on nous avait assigné pour notre garnison. Cette ville avait été désolée par la guerre civile, durant la révolution.

La caserne où nous étions logés conservait encore la trace du sang des victimes égorgées. Aussi, quelle joie pour les habitants de voir dans leurs murs un bon vieux régiment qui ne s’était jamais battu que contre les ennemis de la France.

Pendant que nous étions dans cette charmante garnison, notre colonel, M. Lepreux, se maria avec une demoiselle d’Alençon. Il donna, à ce propos, des fêtes magnifiques, et me chargea de porter des invitations dans les campagnes environnantes.