Page:Coignet - Les Cahiers du capitaine Coignet, 1883.djvu/153

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

paquet : « Est-ce que vous venez de la maraude ?

— Oui, capitaine, je vous apporte du pain et de l’eau-de-vie. — Et comment avez-vous pu trouver cela ? »

Je lui contai mon aventure : « Ah ! dit-il, vous êtes né sous une bonne étoile. — Allons ! voilà un pain et une bouteille de bonne eau-de-vie. Mettez-en dans votre sauve-la-vie. Si vous voulez prendre un pain pour le colonel et le général, vous leur partagerez ; ils ont peut-être bien faim. — C’est une heureuse pensée, je vais faire votre commission avec plaisir, et je vous remercie pour eux. — Allons ! mangez d’abord et buvez de cette bonne eau-de-vie. Je suis bien content de pouvoir me venger[1] de celle que vous m’avez donnée, et du bon repas que vous m’avez fait faire. — Vous me conterez tout cela plus tard, je vais porter ce pain au colonel et au général. »

Tout cela fut mis en ligne de compte de la part du capitaine. Le 16, l’armée eut l’ordre de porter des lauriers, et les chênes[2] n’eurent pas bon temps. À midi, nous défilâmes devant le premier Consul, et notre excellent général défila à pied devant les débris de sa division. Le général Chambarlhac avait paru à cheval devant la division ; mais il fut salué de coups de fusil de notre

  1. Venger signifie ici rendre le même service.
  2. Ceci veut dire qu’on avait dépouillé les chênes pour faire jouer à leurs feuilles le rôle des feuilles de laurier.