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DU CAPITAINE COIGNET.

demi-brigade, et il disparut. Nous ne l’avons jamais revu, et tout cela reste secret pour nous[1]. Mais nous criâmes : « Vive notre petit général ! » pour celui qui s’était si bien conduit le jour de la bataille.

Le 16 au matin, le général Mélas nous renvoie nos prisonniers, il pouvait y en avoir douze cents et ce fut une grande joie pour nous ; on leur avait donné des vivres et ils furent bien fêtés à leur arrivée. Le 26, la première colonne autrichienne défila devant nous, et nous les regardâmes passer. Cette superbe colonne, il y en avait assez pour nous battre pour le moment, vu le peu que nous étions. C’était effrayant de voir autant de cavalerie, d’artillerie ; et trois jours de même. Ce n’était que bagages. Ils nous laissèrent la moitié de tous leurs magasins ; nous eûmes des vivres et des munitions considérables. Ils nous donnèrent quarante lieues de pays, ils se retirèrent derrière le Mincio, et nous fermions la marche de la dernière colonne. Nous faisions route ensemble ; nos éclopés montaient sur leurs chariots ; ils tenaient le côté gauche, et nous le côté droit de la route. Personne ne se rencontrait, et nous étions les meilleurs amis du monde.

Nous arrivâmes dans cet ordre jusqu’au pont volant sur le bord du Pô. Là nous vîmes un

  1. C’est-à-dire : On ne nous dit pas quelle suite eut cette affaire.