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LES CAHIERS

Hulin, qui est mon grand ami. Allez-en faire part à votre commandant, il sera content de l’apprendre. »

J’étais heureux de partir pour Paris et de pouvoir aller embrasser ma bonne sœur, que je n’avais pas vue depuis l’âge de sept ans ; mon commandant me fit compliment en disant : « Si jamais je vais à Paris, je vous ferai demander pour vous voir. Ne perdez pas de temps, rentrez à la caserne. »

Je fis part de la bonne nouvelle à tous mes camarades, qui me dirent : « Nous vous conduirons tous. » Le sergent et le caporal aussi dirent : « Nous irons tous faire la conduite à notre brave sapeur. » Mon décompte terminé, je partis du Mans avec deux cents francs dans ma bourse (une fortune pour un soldat), bien accompagné de mes bons camarades, le sergent et le caporal en tête. Il fallut faire halte pour nous quitter à une lieue, et j’arrivais à Paris le 2 germinal an XI, dans la caserne des Feuillants, près la place Vendôme. Un passage longeait notre caserne jusqu’aux Tuileries ; à peine si l’on pouvait passer deux de front ; on l’appelait la caserne des Capucins.

Je fus mis en subsistance dans la troisième compagnie du premier bataillon ; mon capitaine se nommait Renard ; il n’avait qu’un défaut, c’était d’être trop petit. En compensation, il avait une voix de stentor ; il était grand quand