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LES CAHIERS

d’heure, tu marcheras droit devant toi. Sitôt que j’aurai tiré, tu la lâcheras. »

Je pars, et, arrivé au milieu de ma course, j’entends deux coups de fusil. Je lâche le chien, et j’entends mon père me crier : « Par ici ! » J’arrive. Quel fut mon étonnement ! Deux chevreuils par terre. « Je les ai tués tous les deux, je devais les avoir tous les trois, dit-il, je me suis trop pressé. Allons à la ferme, on viendra les chercher ; mais, me dit-il, il nous faut deux lièvres. Chacun le nôtre ! je sais ou les trouver. »

Au bout d’une heure, les lièvres étaient dans le carnier : « C’est suffisant, lui dis-je, allons-nous-en. »

Je fis tous mes adieux de porte en porte pour me rendre à Beauvoir, chez le père Thibault, pour prendre mon petit frère et l’emmener avec moi à Paris. Je cachai mon départ, je ne le dis qu’à mon camarade Allart, et je partis à deux heures du matin. Arrivé à Paris, je plaçai de suite mon frère garçon marchand de vin ; je me rendis à ma caserne, où mes camarades me souhaitèrent la bienvenue. Je touchai ma solde entière et trois mois de ma Légion ce qui me donna deux cents francs ; ça remonta mes finances. Exempt de service pendant un mois par ordre du capitaine, je fus tout à fait rétabli pour rentrer en campagne.

On s’apprêtait pour la descente d’Angleterre,