Page:Coignet - Les Cahiers du capitaine Coignet, 1883.djvu/200

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disait-on. On faisait faire des hamacs pour toute la garde, avec une couverture pour chacun. Le camp de Boulogne était en grande activité, et nous faisions la belle jambe à Paris. Mais notre tour arriva pour prendre part aux manœuvres de terre et de mer, après de grandes revues et de grandes manœuvres dans la plaine de Saint-Denis, où il fallut endurer la pluie toute la journée ; les canons de nos fusils se remplissaient d’eau, l’arme au bras. Le grand homme ne bougeait pas ; l’eau lui coulait sur les cuisses ; il ne nous fit pas grâce d’un quart d’heure. Son chapeau lui couvrait les épaules, ses généraux baissaient l’oreille, et lui ne voyait rien. Enfin, il nous fit défiler et, rendus à Courbevoie, nous barbotions comme des canards dans la cour, mais le vin était là, et on n’y pensait plus.

Le lendemain, on nous lit à l’ordre du jour qu’il fallait se tenir prêt à partir. « Faites vos sacs, dirent nos officiers, faites vos adieux à tout le monde, car il ne reste que les vétérans. »

L’ordre arrive, il faut porter toute la literie au magasin et coucher sur la paillasse, prêts à partir pour Boulogne. On nous campa au port d’Ambleteuse, où nous formâmes un beau camp ; le général Oudinot était au-dessus de nous avec douze mille grenadiers, qui faisaient partie de la réserve. Et tous les jours à la manœuvre. Nous fûmes embrigadés pour faire le service sur