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rière l’Empereur. Le général Rapp revint couvert de sang, amenant un prince avec lui. On nous avait fait avancer au pas de charge pour soutenir cette lutte ; l’infanterie russe était derrière cette masse et nous croyions notre tour arrivé, mais ils battirent en retraite dans la vallée des étangs.

Ne pouvant pas passer sur la chaussée qui était encombrée, il leur fallut passer sur l’étang de gauche en face de nous, et l’Empereur, qui s’aperçut de leur embarras, fait descendre son artillerie et le 2e régiment de grenadiers. Nos canonniers se mettent en batterie. Voilà boulets et obus qui tombent sur la glace, elle cède sous cette masse de Russes qui se voient forcés de prendre un bain, le 2 décembre. Toutes les troupes tapaient des mains, et notre Napoléon se vengeait sur sa tabatière ; c’était la défaite totale. La journée se termine à poursuivre et prendre des canons, des équipages et des prisonniers. Le soir, nous couchâmes sur la belle position que la garde russe occupait le matin, et l’Empereur donna tous ses soins à faire ramasser les blessés. Il y avait deux lieues de champ de bataille à parcourir pour les ramasser, et tous les corps fournirent du monde pour cette pénible corvée.

Le soir, nous allâmes chercher du bois et de la paille dans un village, sur le revers de cette montagne, qui fait face aux étangs. Il fallait